Coulisses d’une performance theatrale avec les apprentis du ceproc

06 juin 2023
PerformaPerformance du CEPROC à Apprentiscène

Deux troupes en lice, des apprentis inspirés, une performance. Galvanisé par les premières places qu’il a décrochées lors des soirées qualificatives, le CEPROC a conquis le théâtre Marigny en prenant les deuxième et troisième positions lors de la finale qui s’est déroulée le 16 mai. En arrière-plan de ce résultat, un enthousiasme et une cohésion nées au fil des répétitions.    

A la manœuvre Laurence Nicolas. La formatrice chapeaute le projet Apprentiscène au CEPROC de longue date. « Lorsqu’un apprenti me confie qu’il est timide, je sais d’avance que je peux compter sur son engagement », glisse-t-elle. Surmontant les contraintes de calendrier inhérentes aux examens, elle parvient à constituer deux groupes aux profils hétérogènes. Des apprentis CAP bouchers, des CAP et BTM pâtissiers… Les uns et les autres se prennent rapidement au jeu et les prémices d’une cohésion de groupe apparaissent au grand jour dès les premières répétitions. Cela est si vrai que les apprentis bouchers livrent au metteur en scène un scénario clé en main.

Une saynète en hommage à Jean Poiret

Bluffé, ce dernier donne son feu vert, ne manquant pas de l’amender ici et là. « Notre histoire évoque l’élevage, l’importance du bien-être animal, bref la boucherie telle que nous l’aimons… Voilà pourquoi nous l’avons affectueusement  intitulée : Oh la vache ! », confie Benoît, apprenti boucher. De rencontre en rencontre, le groupe se mue en troupe. Loin de troubler l’élan initial, l’arrivée en cours de route de Tess, apprentie en pâtisserie, lui donne une impulsion supplémentaire, avec la réinterprétation de la célébrissime « valse à mille temps » en « vache à mille francs ». « J’ai eu l’idée d’agrémenter le scénario d’une touche de musicalité en déclamant le morceau de Jean Poiret, quitte à produire un effet décalé », indique-t-elle.

L’apprenti, bouc-émissaire

Constituée d’apprentis pâtissiers, l’autre troupe est née avec le même enthousiasme. Le scénario dépeint l’histoire d’un apprenti cuisinier traduit en justice pour avoir empoisonné un client, en l’occurrence le juge, en personne, chargé de prononcer les charges à l’encontre du prévenu. A l’origine de cette affaire, un allergène. S’ensuit une joute verbale entre l’avocat et le juge. Adrien et Baptiste interprètent à merveille leurs rôles dans leurs toges noires. Avec sa gouaille de ténor, Baptiste enfonce le clou sans état d’âme. Face à lui, Adrien défend l’accusé bec et ongles en usant de répliques du tac au tac. « L’apprenti est le symbole de la gastronomie française. Il arrive le premier le matin et s’en va le dernier en fin de journée », plaide ce dernier. Appelés à la barre, les ingrédients sont invités à témoigner contre l’apprenti. 

Des artisans… artistes sur les bords

Karim dans le rôle du lait, Gulsah dans celui de l’œuf et Antoine dans celui de la farine sans gluten emballent le public. Les « olé ! » de Karim, coiffé d’un sombrero, sont repris en cœur. « Le metteur en scène a voulu insuffler à chaque acteur une identité scénique propre, repérable par une posture, un costume singulier… Cela a été un des points forts de la saynète », soutient Laurence Nicolas.

Le savoir-faire culinaire et charcutier du CEPROC était également sous les projecteurs avec le buffet cocktail concocté par les apprentis charcutiers-traiteur de BP à l’occasion de la clôture d’Apprentiscène.

Par-delà la performance réalisée, l’énergie et la synergie générées demeureront sans doute les enseignements les plus marquants de cette mémorable aventure. « Grâce à cette expérience, je me sens plus à l’aise à l’oral, à l’école comme en entreprise », confie Abed. La reconquête de la parole augure d’autres belles éditions d’Apprentiscène. La CEPROC n’a pas dit son dernier mot.